20 août 2011
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Un article de Tristan VEY, paru le 28 juillet 2011
Le dauphin de Guyane possède un sixième sens.
Les embryons de moustaches de Paco lui permettent de détecter de faibles champs électriques.
L'électroréception permet au mammifère de détecter les petits champs électriques émis par des proies potentielles, a révélé une étude allemande menée sur un spécimen en captivité.
On connait cinq sens au dauphin : la vue, le toucher, l'ouïe, le goût et l'écholocation. Ce dernier lui permet, comme les chauve-souris, de se servir de l'écho de son cri ultrason pour cartographier son environnement (de «voir avec les oreilles» en somme).
Si l'on sait depuis longtemps que les dauphins n'ont pas d'odorat, leur système nerveux olfactif ayant disparu, des chercheurs allemands viennent de montrer que le dauphin de Guyane avait bien un autre sixième sens:l'électroréception.
Il permet à cette espèce de repérer des objets qui dégagent, comme une grande partie des êtres vivants, un faible champ électrique.
Lorsqu'un des deux dauphins de Guyane du Dolphinarium de Münster est mort, les biologistes ont procédé à son autopsie.
Ils avaient déjà remarqué que cette espèce avait sur le «nez» (le rostre) des embryons de moustache appelés «cryptes vibrissales».
En les disséquant, ils n'ont pas trouvé de poils enfouis sous la peau mais
une sorte de mucus similaire à celui trouvé dans le bec des ornithorynques.
Or cette substance confère au mammifère ovovipare (aussi appelé monotrême) un système d'électroréception très développé.
Les chercheurs ont donc suivi cette piste.
Ils ont effectué une série de tests pour voir si Paco, leur deuxième spécimen encore en vie, détectait de faibles champs électriques.
L'expérience a été une réussite totale.
L'animal a même réagi proportionnellement à l'intensité des stimuli électriques.
Et lorsque les scientifiques ont placé un morceau isolant de plastique sur le rostre de l'animal, sa sensibilité aux signaux électriques a complètement disparu.
Une démonstration convaincante du rôle probable des cryptes vibrissales dans ce phénomène.
Un sens archaïque répandu chez les poissons
Le dauphin devient ainsi le premier mammifère ne pondant pas d'œufs, et a fortiori le premier cétacé, à être doté de ce sens très répandu chez les poissons.
Méconnue, l'électroréception est en effet un sens très primitif. La lamproie, un des poissons les plus archaïques, en est par exemple dotée.
Presqu'aveugle, le requin ne pourrait pas non plus s'en passer pour chasser.
Certains poissons ont même des organes qui leur permettent de créer un champ électrique autour d'eux.
Tout objet qui franchit cette «bulle» les perturbe et ils se servent alors de leurs récepteurs pour localiser précisément la source de la perturbation.
Si le dauphin de Guyane peut voir avec ses moustaches, ces espèces voient avec leurs peau.
Mais le dauphin de Guyane se sert-il vraiment de ce sixième sens?
Il est encore difficile de se prononcer: Paco n'en avait jamais vraiment eu l'usage en bassin.
Les chercheurs ont toutefois l'impression que leur sujet d'étude s'est révélé très sensible aux expériences qu'ils ont menées, ce qui laisse penser que ce n'est pas un sens atrophié.
Ils présument qu'à l'état sauvage, dans les eaux sombres et boueuses dans lesquelles il vit, l'électroréception lui permettrait de repérer les proies proches et l'écholocation les objets lointains.
Une hypothèse séduisante qui reste à démontrer.
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